Les qualités d’un chef d’ensemble
La responsabilité générée par la fonction
Être chef, au-delà du plaisir de travailler avec un ensemble, c’est aussi assumer une fonction et un devoir de représentation. Le chef est l’homme ou la femme, sur scène comme en réunion, le plus observé, admiré, critiqué, adulé ou haï. Personnage public, il est le premier représentant de l’orchestre ou du chœur et l’image qu’il donne est celle de l’ensemble dans son intégralité.
La culture artistique : un outil, un atout
Le chef a besoin d’outils pour transformer la partition en sentiments et émotions partagés avec le public. Par exemple, il peut s’enrichir, à l’instar des compositeurs, d’éléments poétiques, littéraires, picturaux ou théâtraux, et les utiliser pour accéder à la substance artistique.
Savoir pour expliquer
Une personne seule face à un groupe dont elle coordonne les gestes se doit de maîtriser, non seulement la transmission de ses intentions mais aussi la pédagogie de la chose musicale. Celle-ci lui permettra de construire, expliquer et partager sa conception de la volonté du compositeur.
Les constituants de l’autorité
L’autorité naturelle du chef s’appuie nécessairement sur des éléments que chaque musicien reconnaît et admet. Compétence, écoute, maîtrise du sujet, capacité d’enrichir, voire de transcender l’étude de la partition, sans oublier le sens de l’humain... sont autant de qualités - parfois innées - à cultiver tout au long de sa carrière.
Crédit photo : Sabine Zinck
Enrichir un discours et un travail
Les indications données par le vocabulaire musical de type solfégique ne sont qu’un point de départ pour l’interprétation. S’y ajoutent les con furioso, les dolce et autre morendo, souvent négligés, qui éclairent l’atmosphère générale, et aussi les titres et sous-titres des œuvres. A partir de là, le chef construit sa propre représentation de l’œuvre. Qu’évoque-t-elle en lui ? Quelles sont les images, les attitudes qu’elle inspire ?
Avoir un regard analytique, critique
Le chef ne pose pas nécessairement sur l’œuvre un regard d’admiration sans réserve. La phase analytique est destinée à ‘re-concevoir’ l’œuvre à la lumière de son propre savoir et de son vécu : des décisions seront à prendre, dictées parfois par la tradition, d’autres fois par le sens pratique, ou encore par des choix visant à limer des aspérités ou mettre en lumière des aspects méconnus. Pour cela, il faut se faire un avis, riche, pertinent, motivé.
Connaître pour apprécier… ou transgresser
C’est de notre bibliothèque personnelle que nous extrayons les éléments fondateurs de notre goût et de notre sens critique. Le chef doit prendre parti : à lui de trouver les éléments, les mots et les arguments pour élaborer une construction artistique qui ne se fera pas toujours dans une totale béatitude. L’art peut être apaisement, ou révolte ; ses messages parfois reflètent la sérénité, le drame, parfois incitent à la transgression. Ils ne sont jamais neutres.
La curiosité motrice
À chacun d’enrichir son propre patrimoine, par des apports nouveaux, mais aussi par des nouveaux regards portés sur l’existant. Aucune vérité n’est définitive, la nôtre non plus. Mais on peut la faire évoluer, aller chercher le détail croustillant ou le chaînon manquant, afin que chaque interprétation – y compris de la même pièce – soit une aventure sans cesse renouvelée.
Le chef en action
- Développer un projet dans la durée : suivre une idée sur plusieurs saisons, se donner le temps de la construction
- Repérer les compétences artistiques dans le groupe et savoir déléguer une partie du travail (chefs de pupitre)
- Savoir évaluer le groupe et analyser les points forts et les points faibles, les personnes difficiles à gérer, les piliers.
- Accompagner l’évolution des instrumentistes/choristes individuellement
- Se former régulièrement
- Soigner la relation avec le groupe : établir ses qualités de leadership, fédérer, être attentif aux questions de pouvoir à l’intérieur de l’ensemble.
- S’assurer d’une bonne expression écrite et orale
- Être disponible pour la représentation, la médiation, la communication interne, la vie du groupe
- Avoir une vie culturelle large, garder un regard ouvert sur la société
- S’inscrire dans un territoire, repérer les collaborations possibles
- Tenir une veille sur l’actualité culturelle, les festivals, les tendances
- Formaliser la collaboration avec l’ensemble (ou avec la structure qui le porte) par un document qui engage les deux parties
- Penser à sa succession
Crédit photo : Sabine Zinck