Jouer, vibrer, résonner

Musiciens intervenants : des artistes pédagogues à l'écoute de leur territoire
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Musiciens intervenants : des artistes-pédagogues sans place fixe...

Musicien intervenant : en 1983, son nom de baptême le disait déjà ! Alors, comme ses créateurs l’ont voulu, il a été un peu dedans et un peu dehors,
un peu au-dessus et un peu en dessous, présent parfois, mais sachant s’éclipser quand c’est nécessaire, ici et ailleurs, mais surtout : jamais au centre, et toujours entre !

Partout ... et nulle part

Comme il n’a pas de place fixe, le musicien intervenant se sent bien partout : à l’école, au conservatoire, sur scène, à la maison de retraite, à la crèche,
au centre de loisirs, à la bibliothèque, au musée, dans la rue, à la ville, à la campagne... Comme il n’a pas de place fixe, il commence par observer avec son regard neuf, il écoute, il s’adapte, il construit avec les autres, il cherche ce qui convient à chacun et à chaque situation. Comme il n’a pas de place fixe, il peut inventer, repenser, créer, adapter, essayer et réessayer, y croire, rêver... Et puis surtout, comme il n’a pas de place fixe, il sait en arrivant qu’il va repartir. Il sait aussi qu’il laissera quelque chose, même s’il ne sait pas toujours en arrivant ce que cela sera exactement. Quelle force !
Comme il n’a pas de place fixe, il peut aussi être nulle part vraiment chez lui, cherchant perpétuellement l’équilibre tel un funambule : « C’est un artiste ou un enseignant ? », « Il est du conservatoire ou de l’école ? » « Qui finance ses interventions ? »... Quelle fragilité !

Connu ... et méconnu

Au début des années 1980, imaginer un nouveau métier aussi fragile, aussi inclassable, semblait une utopie vouée à l’échec. Et pourtant : quarante ans plus tard, le musicien intervenant est toujours là ! Il a fait de cette position « entre » une richesse unanimement reconnue : depuis quarante ans, on crée pour lui toujours plus de postes sans jamais en supprimer, on ne cesse d’élargir ses missions et ses lieux d’activité. On loue sa polyvalence, son adaptabilité, sa capacité à inventer son métier et à donner du sens à son action. Quelle force !
Il est vrai que tous ceux qui l’ont vu agir le reconnaissent, mais pour ceux qui ne font pas partie du premier cercle de ses partenaires, c’est un parfait
inconnu : combien de parents d’élèves, d’élus et même parfois d’acteurs des milieux éducatifs, artistiques et culturels savent, quarante ans après la création de son métier, qui est le musicien intervenant ? Quelle fragilité !

Un métier à faire connaître et reconnaître

Dans ce contexte, le Conseil national des CFMI souhaitait partager avec les acteurs politiques et culturels l’étonnante richesse de ce métier encore tout
jeune. La rencontre avec l’auteur Michel Kneubühler, son discours à la fois enthousiaste et distancié ont permis d’envisager cet ouvrage.
Pendant deux ans, accompagné par un comité éditorial renforcé par des membres de la Fédération nationale des musiciens intervenants (FNAMI) et de Conservatoires de France, Michel Kneubühler a d’abord identifié une soixantaine de témoins et acteurs du métier à travers la quasi-totalité des régions de France. Puis, tel un musicien intervenant, il est parti sur les routes afin de rencontrer non seulement des musiciens intervenants mais aussi des créations, des élèves, des enseignants, des partenaires, des élus... Ainsi, il a pu porter son regard d’acteur et d’analyste de la politique culturelle sur ce métier.
Cet ouvrage cherche à mettre en lumière les bonnes pratiques et les actions vertueuses des musiciens intervenants, non pour les ériger en modèle au risque de figer ce métier dont la richesse réside précisément dans sa capacité à se réinventer, mais pour donner à réfléchir sur ce qui fait la qualité d’un projet d’éducation artistique et culturelle (EAC) de territoire et ce qui fait du musicien intervenant un acteur particulièrement pertinent
dans sa mise en oeuvre.
Au-delà de l’hommage à une profession parfois malmenée dans ses conditions de travail et sa reconnaissance, nous espérons que ce livre contribuera à faire connaître et mieux comprendre la richesse du métier de musicien intervenant et à tracer de nouvelles voies, dans de nouveaux territoires, pour qu’il contribue plus encore dans les prochaines années à oeuvrer en faveur de la création, de la transmission et de la coopération, au service d’une éducation artistique et culturelle pour tous et partout.

Le comité éditorial
Conseil national des CFMI
Fédération nationale des musiciens intervenants
Conservatoires de France

1983 : « C’est un métier… »
« [...] Il faudrait que cet animateur soit un praticien de la musique : pas quelqu’un qui fait un discours sur la musique, mais quelqu’un qui fait de
la musique. Quelqu’un qui puisse donner le goût de faire en faisant déjà lui-même. Quelqu’un qui ait un minimum de polyvalences. Polyvalences
musicales (car on peut avoir fait de la direction chorale, s’être spécialisé dans un domaine sans avoir le minimum de compétences de base pour
faire un travail d’animation).
Qu’il soit ouvert sur le monde actuel, actif, et capable de s’impliquer dans la vie culturelle et associative, c’est-à-dire pas seulement comme conservateur de la culture du passé, mais comme un artisan actif pour faire de la musique. Qu’il ait également un rôle social.
Qu’il soit ouvert à d’autres modes d’expression et qu’il dispose d’une culture générale qui lui permette d’intégrer son intervention dans des situations
qui ne soient pas seulement musicales.
Quelqu’un qui travaille en équipe (c’est peut-être le fond du problème), qui soit capable d’exercer un métier de relations publiques, y compris officielles, et avec la capacité d’écouter et de dire.
Quelqu’un qui soit capable de s’adapter et de susciter l’évolution. Qu’il ait une connaissance du terrain où il va. Qu’il ait une connaissance du terrain
et des activités pratiquées par les jeunes. Qu’il ait également un lien avec les autres animateurs de la région [...].
Si c’est effectivement le profil qui se dessine, c’est un profil de très haut niveau. C’est un métier [...] ».


Yvonne Quinzi
Extrait de l’intervention d’Yvonne Quinzi, alors professeure de musique à l’École normale d’Avignon – et future directrice du CFMI d’Aix-en-Provence – lors du colloque intitulé « L’initiation musicale des enfants et des adolescents » organisé à Bourg-en-Bresse (Ain), les 23 et 24 avril 1983, par l’association Clavichords.
 

Contact 

Michel Kneubuhler 06 75 31 57 17
michel.kneubuhler@orange.fr

Grâce au partenariat conclu avec l’éditeur, ce livre fait l'objet, jusqu’au 15 mai prochain, d’une souscription au tarif préférentiel de 10 € au lieu de 15 € (prix de vente public à partir du 16 mai 2023). 

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